La cécité de Ray Charles

       

     Ray Charles surnommé « The Genius » (le génie) (1930-2004), célèbre chanteur compositeur et pianiste américain dont la carrière fut riche en différents styles musicaux (jazz, gospel, blues, country, rythm & blues et soul) était aveugle. Sa cécité n'était pas de naissance ; il a perdu la vue vers 7 ans. Pourquoi ? Christian Flèche a analysé en décodage biologique 'Ray', le film biographique du musicien :

''Nous le voyons en permanence avec son jeune frère, jouant, explorant le monde comme tout enfant. La mère a pour métier de laver le linge, elle se sert pour cela de baquets d’eau bouillante, et recommande à ses deux fils de faire attention, de ne pas tourner autour de ces baquets car cela est dangereux. [...] Les deux frères jouent et  tournent autour du baquet d’eau bouillante bien innocemment. Le plus jeune monte sur la table et gesticule sous les yeux amusés de Ray qui rit de le voir ainsi puis lui dit de faire attention. Le jeune frère tombe dans l’eau et mouline de ses bras sans arriver à s’extirper de l’eau bouillante sous les yeux de Ray, qui reste stupéfait, impuissant. Sa mère vient en courant, affolée, et le visage horrifié de découvrir son fils ébouillanté, immobile, sans mouvement aucun, mort. Immédiatement elle reproche dans sa détresse à Ray de n’avoir pas bougé, de n’avoir rien fait, de l’avoir laissé mourir. Lors de l’enterrement, la mère de Ray hurle sa détresse, sa voix insupportable est couverte par la musique de l’église : des chants gospels.

     Neuf mois passent, le temps d’une grossesse, et Ray perd progressivement la vue. Comprenez bien : tant qu’il ferme les yeux, il est heureux : innocent. Dés qu’il les ouvre, c’est l’horreur : – la mort du frère, – la peine de la mère, – la culpabilité, – la solitude. Il a pu se sentir agressé par sa mère et séparé de son frère en même temps. [...] Que fait notre corps suite à un choc ? Il cherche la dernière expérience de confort ; dans ce cas : ne pas voir. [...] Son frère ne bouge plus : immobilité = mort. L’immobilité est source de stress, et notre biologie a pour grande loi de fuir ce qui est associé au stress. En conséquence, Ray bougera sans cesse, donnant des concerts dans le monde entier, jamais immobile sauf lorsqu’il se droguera. [...]. Il s'est senti peut être coupable de n’avoir pas bougé, alors il bougera de ville en ville ; il bougera sur son clavier et fera bouger, danser.

Voir fut source de stress : perte de la vue, plus de stress ! Entendre de la musique permit de couvrir les cris de sa mère, ainsi musique est source de joie, il passe sa vie dans la musique. [...]

      Charles n’est pas son nom de famille. Son nom est Robinson, c’est celui de son père, mais il n’est pas vraiment son fils, il ne le connaît que si peu. [...] Il se construit tout seul, suivant ainsi l’exemple de sa mère très autodidacte. Et à partir du prénom [...] ? Quel est le prénom de son frère mort ? [...] Quel est le morceau le plus grandiose, le plus émouvant de Ray Charles, et un des plus connu ? Quel est l’état qui l’a rejetté puis appelé et enfin acclamé comme un roi (Charles) ? Le même ! Le morceau s’appelle : « Georgia on my mind » ; l’état : la Georgie qui l’interdit à vie de venir jouer sa musique (en 1961) puis le nomme citoyen d’honneur (en  1979, c’est-à-dire à 7 fois 7 ans) ; et son frère : Georges bien sûr. [...]

      Ray Charles [...] nous a fait dansé, il nous a ému, bouleversé. Et surtout, il a su transformer une souffrance, un drame en beauté qui a illuminé le monde et répandu la joie sur tous les continents. Je nous propose d’en faire de même : transformer nos blessure en chef d’œuvre de joie, de beauté et de générosité …''